Politique

RDC : Guerre à l’Est, les négociations au point mort, le M23 exige l’autonomie du Kivu

Le processus de médiation en cours à Doha entre les autorités congolaises et les groupes armés, notamment le M23, est aujourd’hui dans l’impasse. Selon plusieurs sources proches du dossier, les négociations n’avancent guère. Au cœur du blocage : les exigences jugées excessives formulées par le mouvement rebelle, qui réclame l’autonomie politique des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, assortie d’une période de transition de huit ans, destinée à préparer un éventuel passage au fédéralisme.

Ces revendications sont fermement rejetées par Kinshasa, qui y voit une tentative de balkanisation du territoire national. Pour le gouvernement congolais, il est hors de question d’accorder un statut spécial à un groupe armé encore actif sur le terrain, sans respect préalable de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo.

Du côté des médiateurs, l’ambiance est morose. Plusieurs diplomates engagés dans le dialogue font état d’un climat tendu, alimenté par les attaques mutuelles, les violations du cessez-le-feu, et la méfiance croissante entre les parties. « Le processus est à bout de souffle », confie un observateur régional sous couvert d’anonymat.

Un discours controversé de l’ancien président alimente le malaise

L’impasse diplomatique est aggravée par le silence troublant de certaines figures majeures de la scène politique congolaise. Dans un récent discours très attendu, l’ancien président de la République Joseph Kabila n’a émis aucune condamnation claire de l’occupation du Nord-Kivu et du Sud-Kivu par le M23, ni des massacres attribués aux forces alliées à Corneille Nangaa lors de la prise de ces territoires.

Pour une partie de l’opinion congolaise, ce silence équivaut à un soutien tacite, ou du moins à une stratégie d’ambiguïté politique. À Goma et Bukavu, nombreux sont ceux qui dénoncent une posture irresponsable, voire complice, au regard des souffrances endurées par les populations civiles.

Une tentative de légitimation du contrôle territorial par la communication

La publication, ce 25 mai 2025, d’un communiqué officiel de l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) vient éclairer davantage les intentions du mouvement. Dans ce document, l’organisation rejette les accusations de violences, nie les exactions documentées à Goma, et accuse le régime de Kinshasa et la MONUSCO d’avoir orchestré une campagne de désinformation.

Ce texte présente la prise de Goma comme une « libération », et affirme que le mouvement a rétabli l’ordre et permis le retour des déplacés. Le M23 s’y décrit comme un acteur de stabilité, justifiant ainsi ses revendications d’autonomie. Bien que cette version des faits contraste fortement avec les rapports d’ONG internationales, les témoignages locaux et les images de violences qui ont circulé depuis la chute de la ville.

Ce discours de légitimation cherche à influencer les négociations de Doha en posant le M23 non pas comme un simple groupe armé, mais comme un pouvoir alternatif crédible et organisé, capable d’administrer les territoires qu’il occupe.

Dans ce contexte, le silence de l’ancien président apparaît comme un facteur d’instabilité supplémentaire, brouillant le message national et affaiblissant la posture de Kinshasa dans les pourparlers. À l’heure où la population attend des réponses claires, cette absence de condamnation résonne comme une déconnexion préoccupante entre certains leaders politiques et les réalités du terrain.

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